Bléneau
Présentation de Bléneau
La cité de Bléneau est mentionnée dès le VIè siècle dans un texte
officiel (les Statuts de Saint-Aunaire évèque d'Auxerre de 572 à 603)
qui énumère les 38 paroisses de la Puisaye. Elle y apparaît comme un
centre important. désigné par "Blanoilus cum appendicis suis" (puisqu'il
est fait mention de ses dépendances). Cette précision a été rappelée
dans les Statuts de Saint-Tétrice évèque d'Auxerre de 691 à 706.
L'origine du nom de Bléneau est incertaine mais elle doit remonter à
l'époque gauloise. Compte-tenu des transcriptions linguistiques au cours
des âges elle semble provenir de Bélenos le dieu gaulois ( souvent
comparé à l'Apollon romain) dont le nom a pu être attribué à une cité où
il aurait été plus particulièrement honoré. Une telle origine a été
retenue pour le village de Blanot en Saône et Loire. Certains suggèrent
une hypothèse différente dans laquelle les racines étymologiques de
Bléneau se trouveraient dans les mots celtes "blaên" (pied) et "old"
(mont), ce qui permettrait d'évoquer la cité placée au fond de la
vallée. La dénomination la plus ancienne connue, Blanoïlus comme cela a
été mentionné plus haut, a ensuite évolué au cours du temps en Blanoscus
(cf. procès-verbal de consécration de l'autel de l'abbaye de Cluny au
XIè siècle), en Blanellum (cf. pouillé du diocèse d'Auxerre au XVè
siècle), puis en Blénavium, Blaineau, Blesneau et Bleneau.
Cette cité se trouve entre Auxerre (Autession Duro) et Briare
(Brivoduro) à l'endroit où l'ancien chemin appelé "la voie des marchands
" qui reliait ces deux villes, franchissait le Loing (Longam Aquam ).
Par Bléneau passait aussi probablement des chemins permettant l'accès
par Saint-Sauveur à Entrains (Interanum ) et par Montbouy à Sceaux en
Gâtinais (Aquis Ségeste ) qui étaient deux importants centres
gallo-romains. Les éléments d'une voie romaine d´Auxerre à Orléans,
relevés entre Rogny, Saint-Privé, Saint-Fargeau et Saint-Sauveur,
permettent de le penser, d'autant plus que l'exploitation du minerais de
fer affleurant sur le sol poyaudin avait besoin de voies de
communication pour le commerce des lingots de fer. Cela est attesté par
la présence de ferriers (amas de scories des fourneaux fonctionnant au
charbon de bois) qui étaient en activité dès l'époque gallo-romaine. Ils
manifestent l'importance que cette industrie métallurgique avait dans la
plus grande partie de la Puisaye. Bien des ferriers ont disparu après
avoir été utilisés au siècle dernier comme complément de minerais de fer
et comme matériaux pour la réalisation de nouvelles routes ou le
ballastage de voies ferrées.
Bléneau demeure un des pôles des activités agricoles et industrielles de
la Puisaye. Des haches de pierre polie telles que celles que l'on peut
encore trouver de nos jours sur son sol attestent que dès l'époque
néolithique des hommes y vivaient. Des sarcophages de pierre calcaire de
Thury ou de Courson sans inscriptions (orientés au levant) de l'époque
mérovingienne ou gallo-romaine ont été découverts par Mr Aristide Dey
près des Chaumes Blanches en 1832 le long de la route de Rogny,
permettent de se souvenir qu´à l´époque gallo-romaine la cité devait
être assez florissante pour permettre à quelques-uns de ses habitants
d´acheter de telles tombes.
En 1350 une enceinte fortifiée protégeait le bourg contre les armées qui
ravageaient le pays. On trouve le tracé de ces remparts sur un plan
datant de 1550 que Dom Bénigne-Defarges a présenté dans ses importants
travaux historiques sur Bléneau.
Le coeur actuel de la ville a peu changé depuis cette époque hormis
l'agrandissement de la place de l'église suite aux démolitions réalisées
en 1856. Celles-ci concernent une vieille halle en bois et de plusieurs
maisons situées au nord de cette dernière.
La place prit alors le nom de place Chataignier, du nom d'une vieille
famille de serruriers et taillandiers dont un de ses membres,
Louis-Olivier Chataignier, fut élu maire de la ville de Bléneau en 1868.
Il contribua par une donation à l'édification de la fontaine qui porte
son nom.
Monuments de Bleneau
L´église Saint-Loup
Comme dans bien des cités le centre de Bléneau est l'église paroissiale.
Elle a été construite à la fin du XIIè siècle ou au début du XIIIè
siècle selon les techniques de l'art ogival de l'époque sur
l'emplacement présumé d'une ancienne église plus modeste remontant au Vè
siècle ; période de l'évangélisation de la Puisaye et des régions
voisines par Saint-Loup évèque de Troyes.(mort en 478), par
Saint-Germain évêque d'Auxerre et par Saint-Aignan évèque d'Orléans.
Cela explique que l´église a été dédiée à Saint-Loup.
Ce monument a été profondément restauré en 1877 et 1878. Cette
rénovation a été accompagnée d´une campagne de fouilles qui a permis de
découvrir des traces des événements qui ont marqué son passé.
Tout d´abord les fondements de l´église antérieure presque aussi grands
que ceux de l´église actuelle, puis l´emplacement du caveau funéraire
des Courtenay, l´inscription gravée au moment de la révolution sur le
fronton du porche de l´église et divers éléments de statues de pierre.
Avant de visiter l´église on remarque de l'extérieur :
- le portail central composé de trois arcs en ogive. Sur ce portail est
inscrite une inscription inspirée du décret révolutionnaire du 7 mai
1794 signé par Robespierre : "LE PEUPLE FRANÇAIS RECONNAÎT L'ÊTRE
SUPRÊME ET L'IMMORTALITÉ DE L'ÂME ".
- la face nord du toit en tuiles de l'église est pentue à l'image des
toitures des vieilles demeures poyaudines.
- le clocher qui se présente tel qu'il a été reconstruit en 1690 sans sa
flèche initiale, celle-ci a été détruite par la foudre en 1680. Il
abrite actuellement deux grosses cloches pour appeler à la prière ou
marquer les événements heureux et tristes de la cité : la première
baptisée "Cécile" d'un poids de 991 kg, bénite en 1789 par Louis Gabriel
Ganne, a eu pour parrain et marraine Jean-Baptiste Rougier de la
Bergerie Seigneur de Bléneau et Cécile Haudry son épouse. La seconde
baptisée "Agathe" d'un poids de 612 kg, bénite en 1874 par Mgr Bernadou,
a eu pour marraine Agathe Houette de la Motte de Bléneau et pour parrain
Edouard Quesnel le gendre de cette dernière. Une troisième cloche plus
modeste, mais beaucoup plus ancienne puisqu´elle date de 1542, sonne les
heures dans le campanile; elle porte le nom de "Bartholomée".
- un petit porche de style renaissance donne accès à la nef latérale
nord, mais il n'est plus utilisé. L'entrée dans l'église Saint-Loup se
fait par un autre petit porche situé à droite du portail central; il
donne accès à la nef latérale sud qui s'appuie sur des arcs plein cintre
retombant sur des éléments de chapiteaux.
A l´intérieur de l´église Saint-Loup méritent d´être vus :
-Les plus anciens chapiteaux de l'église qui relèvent par le traitement
des plis harmonieux des vêtements des personnages de l'époque
Renaissance. Ces chapiteaux illustrent en grande majorité des thèmes
bibliques.
Ceux qui surmontent les piliers de section carrée communs aux voûtes
centrale et sud évoquent :
- la création de la femme (cf. Genèse 2,22),
- la puits de Jacob où la Samaritaine rencontra Jésus (cf. Évangile
selon St-Jean 4.7),
- le songe de Jacob (cf. Genèse 28,12),
- des démons et un monstre mi-homme, mi-poisson,
-Adam et Eve chassés du paradis terrestre (cf. Genèse 3,24).
Ceux placés sur le mur porteur de la nef sud illustrent
- le sacrifice d'Isaac (cf. Genèse 22,10 à 12),
-Eve mangeant le fruit défendu (cf. Genèse 3,6 ),
- la nativité (cf. Évangile selon St-Luc 2,16),
- Loth s'enfuyant de Sodome et Gomorhe avec sa femme et ses filles (cf.
Genèse 19,26),
-l'arche de Noè( cf.Genèse 8,6 ).
-Un bénitier en pierre portant une planne de tanneur, probablement
offert par la corporation des tanneurs dont les ateliers se trouvaient
dans l'ancienne rue des tanneries proche des bords du Loing.
-Un ex-voto à Notre-Dame de Liesse. Il se trouvait autrefois dans la
chapelle du même nom. Cette chapelle située dans l´angle formé par la
rue de Dreux et la rue Chiffraine a abrité, après sa désaffection au
siècle dernier, un commerce. Elle aurait été fondée par le chevalier
Frédéric des Genêtres, en action de grâces à son retour des croisades.
Ce chevalier, dit la légende, devenu croisé à la suite d'un dépit
amoureux, fut fait prisonnier en 1453 lors de la prise de Constantinople
par les Turcs de Mahomet II. Emprisonné dans une cellule à Andrinople
avec deux autres chevaliers français puis condamné à mort avec ceux-ci
pour avoir refusé de renier sa foi, il s'échappa avec eux la veille de
son exécution grâce à la complicité de Zuma la fille du sultan.
Celle-ci, secrètement convertie à la religion chrétienne par son esclave
française, aurait ranimé leur courage en leur présentant, au pied de la
tour où ils étaient détenus, une image de la Vierge portant l'enfant
Jésus. Ce geste initiateur de cette évasion miraculeuse, est bien
représenté dans l'ex-voto.
Ce dernier était malheureusement devenu incomplet vers 1960 car la
statue originale, de la Vierge Marie portant l´enfant Jésus, avait
disparu. Elle aurait été confiée à une personne qui ne l´a jamais
restituée. Une nouvelle statuette(*), inspirée par la première, a été
mise en place au mois de juin 2003 pour rendre à l´ex-voto un sens
conforme à la volonté de son donateur.
- Un grand bénitier en fonte de fer aux armes de France. Cette
particularité donnent à penser que ce bénitier est celui qui fut placé
en 1511 devant le tombeau Jean IV Courtenay de Bléneau ainsi que
celui-ci l'avait demandé. Les armes de France rappellent que les
Courtenay étaient de sang royal depuis le XIè siècle. Pierre ,7è fils du
roi Louis VI le Gros, avait épousé en effet Élisabeth de Courtenay et
avait relevé le nom de cette illustre famille. L'un de ses fils Pierre
de Courtenay, Comte d'Auxerre et de Nevers fut empereur latin de
Constantinople.
- Un grand Christ en bois polychromé.
- Une belle statue de la vierge Marie.
- La clé de voûte du choeur avec le symbole de l´agneau pascal
- Une grande peinture murale représentant Jean II de Courtenay. Cette
peinture de 1480, restaurée en 1511 puis assez maladroitement au siècle
dernier représente ce seigneur de Bléneau en armure sur son palefroi
tout caparaçonné aux armoiries des Courtenay ("d'or aux trois tourteaux
de gueules brisé d'un lambel de gueules de trois pendants" avec pour
parties celles de Melun , de Saint-Vérain et de Sancerre correspondant à
celles de sa mère, de son aïeule et de sa bisaïeule).
- Des épitaphes gravées sur des plaques de marbre noir provenant du
tombeau de Gaspard et d'Edmée de Courtenay détruit en 1793. et deux
maximes gravées de la même origine :
"La force de la foi ne connaît pas la ruine "
et
"Que nos petits enfants surpassent nos exemples "
La fontaine "Chataignier"
Cette fontaine conçue et réalisée par le sculpteur Marie Cadoux
représente Maurille et Caïus Chataignier avec les outils de forgeron:
une enclume et des grosses pinces pour tenir les pièces à forger.
Ceux-ci étaient les fils de Louis Olivier Chataignier ancien maire de
Bléneau Inaugurée le 20 juin 1886, cette fontaine a été présentée comme
une affirmation de l'idéal républicain de cette famille.
Deux tours de l´ancienne enceinte
Ces deux tours, l'une visible dans un jardin de la Rue des Remparts,
l'autre à l'extrémité est de la Rue du Château. Ce sont les derniers
restes de l´enceinte qui enserrait le château et les maisons des rues
d'Hocquincourt, de Dreux et de la rue Basse. Les remparts qui la
constituaient s'ouvraient sur la campagne environnante par quatre
portes: au sud la Porte de Vauluisant élevée à l'extrémité de la Rue de
Montluisant (autrefois appelée Rue des Tanneries ), à l'ouest la Porte
de Chatillon dans l'axe de la Rue d' Orléans, au nord la Porte du
Cimetière face à la Rue de Turenne (l'ancien cimetière se trouvait alors
sur l'emplacement devenu en 1855 champ de foire et place de la mairie ),
et la Porte Neuve construite près de la Rue de Courtenay. La démolition
des remparts a été réalisée en 1790 par l'ensemble des habitants de
Bléneau.
Le pont de pierres
Le "pont de pierres" sur le Loing comporte trois arches. Il a été
construit en deux mois seulement après que la décision en ait été prise
au cours d'une assemblée générale des citoyens de la cité au moment de
la révolution de 1789. Il a eu l'honneur d'être baptisé "pont de la
Liberté" par un décret de l'Assemblée Constituante. Les pierres
utilisées provenaient des remparts démolis. Ce nouveau pont remplace un
vétuste pont dont l'administration royale remettait sans cesse en cause
la reconstruction, bien qu'elle ait été indispensable.
La stèle à Jeanne d´Arc
Tout auprès du pont, au débouché de l'ancien gué de l'antique voie des
marchands d' Auxerre à Briare déjà mentionnée, s'élève une stèle de 1929
commémorant le cinq centième anniversaire du passage de Jeanne d'Arc à
Bléneau le 20 février 1429 (Note: Cette date est plus ancienne que celle
(28 février 1429) retenue au moment de l'inauguration de cette stèle
parce que les historiens estiment actuellement que Jeanne est partie de
Vaucouleurs le 12 et qu'elle est arrivée à Chinon le 23.) .
Le capitaine royal Robert de Baudricourt, chef de la place de
Vaucouleurs, lui avait permis de quitter cette ville le 17 février avec
une petite escorte composée de Jean de Metz, Bertrand de Poulengy, Colet
de Vienne (messager du roi), Richard, Jean de Honnecourt, et Jullien.
pour se rendre auprès de Charles VII à Chinon. En atteignant Bléneau,
après avoir passé la nuit aux environs de Mézilles (Mr Albert Pillard
rapporte que selon la tradition Jeanne aurait passé la nuit au hameau du
Grand-Villard à une demie lieue de Villeneuve-les-Genêts), elle pouvait
encore craindre d'être interceptée par les troupes du capitaine
bourguignon Perrinet-Gressard qui tenait Saint-Fargeau. Elle devait
heureusement arriver, sans mauvaise rencontre jusqu'au bord de la Loire,
à Gien, en passant par Breteau, Ouzouër sur Trézée et Arrabloy.
Cette modeste stèle maintient présente à Bléneau la mémoire de celle que
Charles Péguy a si bien évoquée dans sa Jeanne d' Arc lorsque' il
écrivait:
" Et c'est le souvenir qu'a laissé sur ces bords
Une enfant qui menait son cheval vers le fleuve
Son âme était récente et sa cotte était neuve.
Innocente elle allait vers le plus grand des sorts."
Les anciennes chapelles de Bléneau
En sus de l'église Saint-Loup, et de la chapelle de Notre-Dame de Liesse
déjà mentionnée, il reste le souvenir de cinq autres chapelles : la
chapelle Saint-Lazare de la Maison-Dieu ou Hôtel-Dieu bâtie en 1395 à
l'initiative de Pierre II de Courtenay, la chapelle Saint-Roch de
l'ancien cimetière, la chapelle de l'ancien château de Bléneau, la
chapelle de Notre-Dame de Saint-Posant du château du Coudray, et la
chapelle du prieuré de Saint-Cartaut du quartier dit "des Chapelles".
Le château des Courtenay-Bléneau
Du château quadrangulaire de Bléneau construit au XIIIè siècle par les
Courtenay de Saint-Vérain ne subsiste remaniée qu'une partie des
éléments de défense situés au nord: le portail défendu par deux herses
et un assommoir et le mur d'enceinte s'étendant jusqu'à la tour est. De
larges douves alimentées par un des bras du Loing entourent le château
tout entier. Un pont à deux arches a remplacé au XVIIIè siècle le
pont-levis et le bâtiment ouest a été lui-même reconstruit en briques
roses de Puisaye probablement par François Iè de Bléneau et son épouse
Marguerite de la Barre. Ce logement seigneurial s'ouvre sur la cour
intérieure par une façade Renaissance avec un large escalier. Il
comporte un grand salon avec des boiseries anciennes et un plafond à
solives apparentes décorées de motifs peints.
A proximité du château se trouve dans un champ voisin un emplacement
appelé "la Fosse aux Anglais ". Cette dénomination doit remonter à l'un
des sièges que Bléneau a subi pendant la guerre de Cent Ans, peut-être à
1359 lorsque le bourg a été pillé par les Anglais.
Avant 1350 le château comportait 2 enceintes avec fossés. Elles
englobaient les dépendances du château, des jardins, halle, moulin,
pressoir, et droits seigneuriaux.
Autres sites de Bléneau
-la maison de style renaissance qui était autrefois la maison de
perception des dîmes (à l'extrémité de la rue d'Hocquincourt).
- la rue où étaient établis les fours banaux.
- le vieux puits de la cité, situé derrière l'église.
- deux lavoirs communaux restaurés, l'un à proximité des douves du
château, l'autre proche de l'emplacement de l'ancienne porte de
Chatillon.
- une maison ancienne de la rue d'Orléans où a vécu Mlle Lucie Lemonnier
(1864+1950), peintre amie des Impressionnistes.
Sur cette maison subsistent quelques empreintes des boulets tirés lors
de l'offensive menée par le Prince de Condé pendant la Fronde contre
l'armée royale commandée par Monsieur de Turenne. Cette offensive avait
contraint les soldats du maréchal d'Hocquincourt à se réfugier dans
Bléneau. Dès le lendemain, le 7 avril 1652, Turenne se heurta
victorieusement à Condé dans un défilé situé entre l'étang des
Plaindresses et le bois de Dreux (proche de l'étang des Tuileries où un
monument a été élevé pour commémorer cet événement). Cette bataille
sauva le jeune roi Louis XIV. Avec sa mère Anne d'Autriche il visita
Bléneau le 16 avril 1652 avant de regagner Paris en passant par Auxerre.
- l'emplacement de l'ancien "Hôtel-Dieu" fondé en 1395 par Pierre II de
Bléneau (au 12 de la rue de Dreux )
- une entrée d'un vieux souterrain aujourd´hui effondré qui aurait
permis de relier un point du rempart proche du château à un petit manoir
des environs (Les Cogneaux?)
- le gîte rural installé dans les anciens communs du château après que
ceux-ci aient été réaménagés vers 1870 pour abriter pendant près d'un
siècle l'une des premières Écoles Primaires Supérieures et
Professionnelles de jeunes filles de France. La ville le devait à
l'initiative d'Alexandre Dethou, un blénavien, député et sénateur, qui
fut un des grands maires de Bléneau.
- le Champ de Foire sur lequel s'élèvent la Mairie, l'Ecole Maternelle
et le monument aux Morts des deux guerres de 1914-1918 et de 1939-1945.
Sur cette place, où le très sensible aquarelliste Ernest Dessignole
avait sa maison, se tenaient de 1855 à 1950 les grandes foires
traditionnelles de Bléneau. Les fermiers des environs venaient y vendre
ou acheter (les boeufs, les vaches et les chevaux à vendre étaient
attachés aux barres de fer qui en délimitaient les trois cotés ouverts
sur le bourg).
Les foires avaient été fixées par Jean IV de Bléneau (+1511) aux dates
des 25 janvier, 6 mai, 31 juillet et 18 octobre de chaque année.
-Tout proche de la Mairie se trouve l'inscription commémorative placée à
l'emplacement où le lieutenant Raymond Travers a été abattu mortellement
par l'ennemi dans l'après-midi du 23 août 1944. Il venait de s'avancer
pour obtenir la reddition de troupes allemandes bloquées dans Bléneau
par les résistants (le 14 juillet de la même année, il était venu à
Bléneau, avec des résistants en armes, rendre les honneurs au monument
aux Morts).
Un combat de rues s'était en effet engagé dans la ville au début de
l'après-midi entre la 1è ère compagnie des Forces Françaises de
l'Intérieur de l'Yonne sous le commandement de Charles-Albert Houette
(connu dans la résistance sous le nom de "Bréval") et plusieurs
véhicules ennemis qui se repliaient. Ceux-ci avaient été interceptés
près du moulin de Camerolles sur la route de Saint-Privé par des F.F.I.
qui venaient de leur maquis de La Coutelée situé dans les bois de Lavau.
Moins de douze heures après l'issue victorieuse de ce combat, ou 42
ennemis avaient été faits prisonniers, une importante colonne allemande
en retraite réoccupait la ville avant l'aube du 24 août et installait un
canon antichar sur la place Chataignier, celui-ci prêt à tirer dans
l'axe de la rue d'Orléans. Des représailles contre Bléneau furent alors
envisagées par le chef de ces troupes ennemies. Elles furent
heureusement abandonnées à la suite des interventions de l'abbé Colin,
curé de la paroisse, et du docteur Tripier en raison des soins que ce
dernier, assisté par des infirmières (Geneviève Crouvesier et Marie
Scintilles) avait donné aux blessés allemands. La colonne allemande en
retraite reprit sa marche le jour même en direction de Charny.
Peu après ce combat Bléneau put se considérer comme définitivement
libéré le 25 août en fin d'après-midi au moment de l'arrivée par la
route Champcevrais de plusieurs automitrailleuses de reconnaissance U.S.
Comme on peut le comprendre, après ces heures tragiques, elles furent
accueillies dans le plus grand enthousiasme par les habitants de
Bléneau.
-Le site de l'ancien moulin à eau construit sur un bief du Loing, proche
du pont de l'avenue Jean Jaurès. Ce moulin utilisé pour moudre le grain
relevait autrefois du château de La Mothe. Transformé en usine vers 1890
pour fabriquer pendant quelques années du carton d' emballage à partir
de pailles de blé, ce moulin fut racheté en 1919 par Mr Gaston Fleischel
(1885-1965) qui était un brillant ingénieur d'origine alsacienne, entré
major à l'Ecole Centrale des Arts et Manufactures de Paris en 1910.
Mr Fleischel avait créé à Courbevoie une entreprise spécialisée en
mécanique de précision. et voulait la décentraliser dans une petite
ville relativement proche de la capitale, bien desservie par la route et
la voie ferrée; son choix se porta sur cette ancienne usine, toute
proche de la gare de Bléneau sur la ligne de chemin de fer en activité à
l´époque. Il y fit fabriquer de 1920 à 1932 des moulinets Renard pour le
réglage des moteurs à explosion, des appareils de pointage pour
l'artillerie, des machines automatisées pour la production de cartouches
de chasse, des chariots-moteurs Fleno (dénomination résultant de la
contraction des mots Fleischel et Bléneau) et les éléments prototypes de
ses inventions.
Il inventa, mit au point et expérimenta à Bléneau sur les routes de
Puisaye entre 1925 et 1935 le système de transmission automatique le
plus employé de nos jours dans l'industrie automobile (cf. annexe). Les
brevets de cette remarquable invention, appliqués dès 1936 dans une
version de la Peugeot "402", furent mis sous séquestre en 1942 par les
États-Unis dès leur entrée dans la seconde guerre mondiale. En 1947
G.Fleischel dut alors se lancer dans une longue bataille juridique pour
faire reconnaître ses droits. Sa paternité dans l'invention de la
transmission automatique ne fût reconnue officiellement par les grands
industriels américains que lors de la signature en 1953 d'un accord
transactionnel. Lors de son décès de nombreux journaux célébrèrent la
grande aventure de Gaston Fleischel et reconnurent Bléneau comme le
berceau des voitures à transmission automatique (cf."L'auto-journal" du
4 août 1966 et "L'Yonne Républicaine" du 29 août 1966).
L'inventeur qui avait fait inscrire le nom de Bléneau sur les plaques
d'identification de ses matériels mériterait que cette cité honore sa
mémoire en apposant une plaque commémorative sur le mur de son ancienne
usine.
- L´ancienne gare de chemin de fer de Bléneau. Elle a été désaffectée en
1947 trois ans près le dynamitage par la "Résistance" du pont, au dessus
de l´ancienne route de Bléneau à Saint-Privé, sur lequel passait la voie
ferrée reliant Auxerre à Gien. Cette coupure de la ligne de chemin de
fer avait été jugée indispensable pour gêner la retraite des troupes
allemandes en août 1944. Cette voie ferrée avait été mise en service en
1888, elle mettait Auxerre à 4 heures de Gien en passant par Chevannes,
Escamps, Pourrain, Leugny, Souilly, Toucy, Fontenoy, Saints,
Saint-Sauveur, Saint-Fargeau, Saint-Privé, Bléneau, Breteau,
Ouzouer-sur-Trézée. En 1913, il y avait trois trains par jour dans
chaque sens; il en coûtait 3,35 F à un voyageur pour un voyage aller, de
Bléneau à Auxerre, dans un wagon de 3è classe. En 1939 le nombre de
trains par jour variait de quatre à cinq dans chaque sens.
Après la guerre, sous l'impulsion de Charles-Albert Houette devenu Maire
de Bléneau, la ville de Bléneau s'est sensiblement étendue avec la
création de quartiers nouveaux et l'extension de sa zone industrielle.
Cette politique de développement, indispensable pour lutter contre la
tendance à la désertification des campagnes, a été poursuivie avec
énergie pendant près de vingt ans par son successeur Jean Savouré. Les
maires suivants ont pris le relais de leurs prédécesseurs pour la
poursuite de la modernisation de Bléneau en réaménageant la place
Chataignier et en créant un "Jardin d´eau" dans la vallée du Loing.
Bléneau présente enfin aux amateurs de balades à pied, à cheval ou en
voiture un choix étendu de sentiers, de chemins et de routes. Ceux-ci
permettent de découvrir la variété des paysages Poyaudins à travers la
vallée du Loing, les étangs et les bois environnants et d'apercevoir une
partie de la faune sauvage de cette région. Parmi ces promenades on peut
citer:
- l'ancien chemin des vignes et le chemin de Basse-Feuille à
Haute-Feuille. Sur ce dernier site, qui domine la vallée du Loing, un
poste permanent de détection aérienne y avait été établi, dès 1941, par
l'armée allemande pendant l'occupation.
- l'ancienne route de Saint-Privé, dite route des prés, tracée sur
l'autre versant de la vallée du Loing.
- le sentier qui longe la rigole de Saint-Privé (grand fossé aménagé
pour alimenter le canal de Briare avec l'eau des étangs et en
particulier avec celle du Bourdon).
- le chemin qui mène successivement à l'étang des Luneaux, puis à celui
du Curé avant de permettre d'atteindre celui des Tailles par la route
surnommée "la route inutile ".
- le sentier qui longe l'étang des Blondeaux (connu aussi sous le nom
des Beaurois) puis se dirige vers l'étang du Château de Champoulet puis
vers l'étang des Tuileries.
- le sentier qui fait le tour de l'étang de la Grande-Rue.
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