ICAONNA Le patrimoine touristique et culturel de l'Yonne
TOURISME
CULTUREL
DANS L'YONNE
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Promenades dans Cravant

 

QUATRE ITINERAIRES POUR CONNAITRE CRAVANT

  1. L'Yonne Pont et Porte
     
  2. Promenade autour des anciennes murailles
     
  3. Première flânerie
     
  4. Deuxième flânerie

 

Plan de Cravant Carte ancienne


En arrivant ou en repartant, il faut voir le PONT et le PORT (I) qui firent la richesse du bourg du XVIème au XVIIIème siècle.

Une promenade autour de la ville (II) vous fera découvrir les vestiges de ses murailles du XIVème siècle et les monuments de son Histoire seigneuriale et religieuse.

Enfin, deux courtes flâneries, par la Rue d'Orléans jusqu'à l'actuelle Mairie (lère) et dans ses petites rues ou ruelles pittoresques (2ème), recréeront l'atmosphère de son passé quotidien, du Moyen-Age à nos jours.

Bien sûr, à l'aide des plans, ancien ou moderne, toutes les combinaisons sont possibles, en dehors des itinéraires proposés, selon temps libre, et fantaisie...

Enfin, ne pas oublier de goûter et d'emporter le vin du pays, connu jusque sur les Tables Royales, depuis l'Antiquité, moins abondant que par le passé mais tout aussi gouleyant. Celui de COULANGES la VINEUSE, la bien nommée, et, comme le terroir est partiellement cravantais, celui d'IRANCY, de cépages plus récents, mais aussi succulents.

L’YONNE : PONT et PORT

- Les PONTS

* L'ancien Pont est cité dans des actes officiels du XIIIème siècle, mais il est sans doute antérieur. De passage dans la ville, des pèlerins ecclésiastiques admirent, en 1260 et 1280, ce "beau pont", en pierre de surcroît (alors qu'ils sont habituellement de bois) de 8 arches, 160m de long, presque 6m de large, flanqué d'une chapelle et de l'octroi. I1 fera la fortune commerciale du bourg, qui comptera prés de 5 000 habitants au Haut Moyen-âge.

* 1601 - 1690: Ebranlés par les charrois, surchargés de blé et vin, des Rouliers, il se dégrade, sans être vraiment réparé: à cheval sur les Généralités de Paris et de Dijon, personne ne veut payer les 27 000 livres de sa réfection... Le pont s'effondre en février 1726.

* 1749 - 1764: Après 50 ans de silence et 15 ans de réclamations, plan et devis sont enfin acceptés, pour 75 095 livres, en mai 1754 et adjugés à Edmé DURAND, de Paris, secondé par le jeune ingénieur GAUTHEY puis DORMAID. I1 est à moitié construit en 1761, mais a coûté le double... L'actuel pont sera payé par l'Ile-de-France et la Bourgogne, avec participation de 17000 livres des Cravantais, qui doivent demander droits de passage et aides des villes voisines.

PERRONET le réceptionne le 21 mai 1754, mais les travaux dureront encore 20 ans. Il a fallu assécher les prés communaux, exproprier, retracer de 100 pas (50m) le cours de l'Yonne, élever une digue contre les crues, avant de construire, en pierre de MAILLY-la-VILLE, ce pont élégant, de 3 arches surbaissées au tiers, avec arche marinière de 20m (60 pieds), 2 arches collatérales de 55 pieds, sur des piles d'1m30 environ d'épaisseur. Le passage entre les 2 parapets mesure 6,93m (21 pieds): remplacés par une rambarde en fer, ils sont entreposés le long du Ru d'Arbault, et il est question de les remettre à leur place initiale. On pourra alors y voir, gravé après un passage de Napoléon, la trace laissée par le cheval impérial qui aurait posé son sabot, tout aussi impérial, sur le parapet.

La destruction du pont éloigne marchands, voyageurs et diligences, qui empruntent la Route de St Bris et ne changent pas leurs habitudes, vieilles de 50 ans ! Cravant est ruiné et ne retrouvera une certaine activité qu'en 1844 avec la construction de la "Route Louis-Philippe".



- LES PORTS

A visiter en longeant le Faubourg St Nicolas en direction de l 'Yonne, au départ des promenades ou en descendant la Rue du Port.

* C'est sur les berges de l'Icauna et au confluent de la Quoranda (Cure) que débute la- prospérité de CREVENNUS, modestement, d'abord, par des campements préhistoriques, un "vicus" romain et ses huttes de pêcheurs. Puis, dès la plus haute Antiquité, la route et la Voie Agrippa apportent l'ambre de la Baltique, l'étain de Cornouailles, embarqués, par eau, à CREVAN, pour ALISE St REINE. STRABON, géographe romain, remarque l'intense trafic de "nautae" (bateaux plats) et découvre les barriques gauloises, plus solides et pratiques que les amphores...

* On peut encore admirer le bel alignement des Entrepôts, le long du Faubourg St Nicolas, les piliers de pierre blanche, ses ouvertures en voûtes de plein cintre, et, en descendant vers la gauche, les vestiges du Grenier à sel, qui fonctionnera jusqu'en 1604: au bout du Faubourg, au début de la route de Vincelottes, un enclos, assez bien conservé, avec une de ses tourelles; en contrebas, vers la berge, l'entrée, flanquée de 2 piliers de pierre blanche, des logements du gardien et des employés, avec, au fond, un passage souterrain bien commode en période troublée. Haut-lieu du commerce, où transitent le sel de Franche-Comté, venu à dos de mulets, les crus de Beaune et de Bourgogne, les draperies de la Comtesse Mathide (1220), les blés des plaines céréalières et la farine des "Grands Moulins", au confluent de l'Yonne et de la Cure, encore visibles, depuis les berges du Canal du Nivernais commencé sous l'Ancien-Régime, terminé en 1842.

CRAVANT est reconnu ler Port de l'Yonne par le Roi qui, pour protéger commerce et marchands, accepte l'édification de murailles en 1384.

* A partir de 1542, le "flottage" du Bois, venu surtout du Morvan, apporte une nouvelle activité due à LECOMTE, DESFROISSEZ et aux écluses de Jean ROUVET, qui, donnant plus de force au courant, facilitent le passage des bois sous le Pont de Cravant. Jetées en vrac, vers Clamecy, les bûches étaient regroupées en radeaux de 7m * 7m, couplés par 2: le ler "train" conduit par les "Compagnons de rivière", arrive au port des Célestins, à Paris, le 20-4-1547.

Activité ponctuelle, malgré un regain à la fin du XVIIIème siècle, remplacée par le transport ferroviaire, routier, puis, de nouveau, par eau, avec les péniches. Le bassin actuel, sur le Canal, est désormais réservé à la navigation de plaisance (départ d'Auxerre).

 

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PROMENADE AUTOUR DES ANCIENNES MURAILLES


Octroyées, pour préserver marchands, habitants et... denrées, par Lettres Patentes de juillet 1384, construites de 1387 à 1425 environ; souvent réparées, elles existent toujours en 1792, quand la Convention décide leur démolition. Les fossés (jardins, vergers) seront vendus à partir de 1820, comblés, aménagés en Promenades en 1829, plantées de 1855 à 1907.

- LEUR TRACE RESTE VISIBLE

Partant de la Porte Principale, agréable promenade permettant de découvrir leurs vestiges: Promenade St Jean (Eglise), rue du Donjon (Prison et Chastel), rue des Fossés (remplis des eaux du Ru d'Arbault), rue des Remparts (Porte d'Arbault), rue de la Tour de Guette (Beffroi et Porte d'en Haut), Promenade St Nicolas (de là, on peut aussi visiter le Faubourg et ses Entrepôts).

- VESTIGES et MONUMENTS
 


Peinture de Paule BERNARD

  [1] * La Porte d’en bas
A l'origine de forme élancée, flanquée de 4 clochetons fleuronnés de Lys, couronnée d'un Campanile où trônait "La Montre", avec entrée voûtée, de forme ogivale. Restaurée en 1702, 1722 et 1755, remplacée, après la construction du nouveau Pont, par l'actuelle, construite entre 1783 et 1785. On voit encore la niche réservée à la Vierge de 1784. La porte ne sera supprimée qu'en 1840.

 

   [2] * EGLISE et VITRAUX:

* Existe, sous le vocable St Pierre et St Paul, depuis le IXème siècle; dépend, avec 12 autres paroisses voisines, comme la ville, du Chapitre de la Cathédrale d'Auxerre, Seigneur jusqu'en 1789. Agrandie au XIIème, il reste, de cette époque, 2 piliers, encadrant la grande porte d'entrée. Nef fort nue, les Cravantais n'ayant jamais eu les moyens de la reconstruire après le passage des armées et des pilleurs, comme Geoffroy d'Arcy en 1220 et les Grandes Compagnies de 1367 à 1390: sur la Tour, les pierres sont toujours en attente...

* Travaux dès le 25 novembre 1543 : belle plinthe extérieure, de 1m50 de haut environ, continue, prouvant que le soubassement a été construit d'un seul coup, vers 1550. La Tour, rectangulaire, sur 3 niveaux, avec les 3 ordres dorique, ionique et corinthien, massive mais diversifiée, datée de mai 1551 (inscription extérieure), forme, avec le Clocher Nord et 2 chapelles, le Transept: on y accède par la deuxième petite porte, à côté. De plein cintre, la balustrade servant de garde-fou, avec un étroit escalier en pierre, à vis, menant aux cloches de 1865 et 1875 (en remplacement de celles de 1715 et 1768, fondues à Auxerre pendant la Révolution).


Photo Claude RICHARD

* L'abside et le sanctuaire, de style gothique, sont de 1543 à 1553: choeur formé de 11 arcades à chapiteaux Renaissance, supportées par 12 piliers crucéiformes; les 12 pilastres composites, en decrescendo d'épaisseur, symbolisent les 12 apôtres, dont les statues ont disparu, remplacées par d'autres, plus petites, en terre cuite, du XVème siècle. L'ensemble était polychrome, comme l'attestent le plafond de la Chapelle d'Axe et les 2 piliers, colorés au sommet, de part et d'autre de l'Autel, dit à "Tombeau", du XVIIIème siècle, comme le Tabernacle. Partout, sculptures, piscines, bénitiers à coquilles, baldaquins, ornements Henri II et François Ier. Sur le sol, dalles funéraires de sépultures, dans l'Eglise même {jusqu'au XVIIIème} ou provenant du cimetière alors contigu.

* Chapelles rayonnantes (11), souvent datées sur les clés de voûte. Celles du St Sacrement, de Ste Anne et St Michel ont des plafonds à tiercets et pendentifs François Ier;
de la Chapelle d'Axe (derrière l'autel), de la Résurrection (reconnaissable à son haut-relief du XVIIème), de la Vierge et des Morts, à caissons Henri II. Les dates se suivent, en partant de la Tour (1555), pour se terminer dans le collatéral sud, en 1598: on a ainsi la progression de la construction. La double Chapelle dédiée à Notre-Dame (1594) s'orne d'un Retable Henri II supportant une "Vierge à l'Enfant". Notre-Dame d'Arbault du XVème siècle, protectrice de Cravant, célèbre par ses miracles aux XVIIème siècle, y a été déposée, après adjudication de la Chapelle (à 1km 500), comme bien national, en 1792.

De nombreux objets et meubles furent vendus ou volés. On peut cependant remarquer encore: 2 belles stalles et les bancs de 1690, bien conservés; un Ecce Homo (Chapelle Notre-Dame), mutilé, provenant du cimetière; près des Fonts Baptismaux, une Descente de Croix, avec les Saintes Femmes, également fort abimée (début XVIIème); dans le collatéral nord, énorme Cuve à Eau Bénite, en fonte de Fer, du XVIIIème siècle. A l'entrée de la porte, côté sacristie, une belle piscine à coquille (XVIème) et un Bénitier, creusé dans un pilier du XIIème siècle.

Les Bâtisseurs furent: le Chapitre, instigateur; les Habitants, avec leur argent et leur peine; Jeanne de Chastellux, donatrice généreuse; Nicolas Symonin, enfin, "maître-tailleur de pierre" qui séjourna à Cravant pour superviser les travaux.


Les VITRAUX

*Vitrail de la Vierge, collatéral Sud
XVIème décadent, monogramme du Verrier, sur le modèle rouennais, il illustre les "Litanies de la Vierge", en une fenêtre divisée en 3 baies par 2 étroits meneaux, avec Réseau supérieur de 5 jours.
    A bonne hauteur, bien conservé malgré les bombardements de 1944, nous nous contenterons de la traduction des inscriptions latines:

5 JOURS:
-Lys parmi les épines (1)
-Forêt de Rosiers blancs (2)
-Vierge en fleur, Portes du Ciel, le Soleil (3)
-Ame éclatante, la Tour de David, la Lune (4)
-Le Père Eternel, Mon âme est toute Blancheur, il n'y en a en toi aucune Tache (5).

3 BAIES:
-Vierge debout: Priez pour nous et miroir ovale "miroir sans tache (1).
-Un Evêque, le Donateur à genoux: Jardin Clos, Cèdre élevé, Puits des Eaux Vives (2).
-Ste Marguerite (Reine d'Ecosse plutôt que d'Antioche): Salut à toi, Reine des Anges; la Jérusalem Céleste; Fontaine des Neiges (3).

Le Rouge prédomine, comme chez tous les Verriers, du XVIème surtout. Le Bleu et le Blanc, couleurs symboliques, et les inscriptions, insistent sur la Pureté, la Splendeur de l'Immaculée Conception, intercédant pour les humains et montant dans la Cité de David.

* Vitrail de la Chapelle d'Axe (derrière le Maître-autel)
Reconstitué, vers 1750 - 1800, à partir de vitraux détruits, il forme un pêle-mêle très composite. Les 4 inscriptions et l'encadrement sont restés en place, comme la Conversion de St Paul (dédicace initiale de l'Eglise: St Pierre et St Paul).

     On discerne 3 motifs essentiels:
- Une Vierge à l'Enfant "Jhésus Maria" et un sujet rare sur St Antoine de Padoue, appartenant à 2 vitraux disparus.
- 12 scènes de la Vie de St Pierre, dont les principales: son arrestation, sa Délivrance par l'Ange, un "Quo vadis" (où vas-tu), le Supplice de St Pierre et St Paul, et la Chute de Simon le Magicien.
C'est un patchwork, plus ou moins réussi, de morceaux de vitraux souvent juxtaposés.
- Une vie de St Eloi, à l'origine en 11 épisodes, dont 9 sont réduits à un seul panneau. L'interprétation se fait facilement par les Inscriptions: sa naissance, St Eloi ferrant un cheval, fabriquant une chasse, distribuant des aumônes, sacré Evêque à Noyon, guérissant les malades, sauvant un Pendu (à peu près intact), recevant la communion sur son lit de mort.
St Eloi, est rarement représenté sur les vitraux, un seul, du XIIIème siècle, se trouve dans la Cathédrale du Mans.

Remarquons encore :

- après le vitrail de la Vierge, celui des Couteliers, ou Bouchers, reconnaissable à ses instruments (1548).
- un peu plus loin, des Séraphins jouant de l'orgue.
- dans 2 chapelles près de la tour: une belle tête d'homme, barbu et lainé. Une Sainte Face magnifique, avec les Bustes de St Germain et de Ste Christine de Bohème.
On peut attribuer ces vitraux à des Verriers d'Auxerre , par la ressemblance des rehauts de jaune d'argent et les rinceaux de grisaille, (feuillage stylisé en enroulement) que l'on retrouve sur la Rose Nord de la Cathédrale Ste Etienne d'Auxerre.

 

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DEUX FLANERIES DANS L’ATMOSPHERE DU PASSE

 

1 ere FLANERIE


De la rue d'Orléans aux Anciennes Halles (Mairie), en partant de la Porte d'en Bas, ou à combiner avec la 2ème flânerie (inversée) par la rue d'Arbault.

[1] ( a ) PORTE D'EN BAS

Porte Principale, de France, de l'Eglise, selon les époques, là, se trouvait le Corps de Garde, et l'on traversait alors le Ruisseau (recouvert par la rue) à gué. Par cette entrée vinrent les Régiments de Louis XIV et Louis XV (surtout entre 1694 à 1740), puis les Soldats des 6 Coalitions républicaines et impériales, enfin ceux de la Première Guerre Mondiale. Logés dans ce Corps de Garde ou au Donjon, certains soignés à l'Hôpital; quelques prisonniers prussiens, sous le Consulat, travaillèrent dans des fermes cravantaises.

       (b) LA RUE DE BONNIELLE avait son puits, alimentant petites fermes, auberges du Faubourg St Nicolas et jardins des Fossés: porte ouverte en 1776 pour y accéder facilement, ainsi qu'aux Ports.

       (c) L'ACTUELLE ECOLE ABRITAIT L'HOPITAL et des classes (XVIIIème siècle): Cravant, eut, à l'écart, sa Maladrerie (XIIème) et un Hôpital, ruiné en 1695, d'où sa recréation, après le départ de Ursulines (1760). Une Religieuse-Hospitalière (1767) et 2 Chirurgiens assurent consultations et soins, limités, jusqu'au XIXème siècle, à saignées, lavements, potions à base d'herbes médicinales et de produits chimiques simples, quand pestes, épidémies, "suettes", "fièvres doubles, tierces, quartes" déciment des familles entières (1693 - 1766-67 - 1787-88). Lors des disettes (1717- 1738- 1751- 1789- 1794), les Administrateurs distribuent généreusement pain, viande, sel et boisseaux de blé. Devenu Hospice, il fut fermé en 1962.
Les Classes étaient faites par une Religieuse-Enseignante et un Recteur d'Ecole, logé dans un bâtiment de l'Hôpital. Cravant avait un Instituteur depuis 1401. Après la Révolution, les époux PREVOST, laïcs, enseignent et logent encore là, mais maison et jardins sont alors séparés... Plus tard, on installe aussi des élèves dans les Anciennes Halles (-> juin 1992)
Désormais l'Hôpital est devenu un groupe scolaire, moderne à l'intérieur, mais conservant son infrastructure d'époque. La restauration s'annonce belle: pierres apparentes, fenêtres en ogive, entablements de pierre, suppression de bâtiments inesthétiques, restructuration du jardin, remise en état du puits..., tel qu'il fut, sans doute aux XVIIème et XVIIIème siècles (encadrement de Porte conservé).

[3] * LE DONJON


Peinture de Paule BERNARD

     Exigé par la Charte d'Affranchissement, d'abord Prison, édifié de 1280 à 1308. Nombreux graffiti laissés par les prisonniers, notamment les Templiers (fin XIIIè siècle).
          Sous-sol: Ancien puits transformé en latrines, "oubliettes", fondations jusqu'à 17 mètres de profondeur.
          Premier_ étage: salle gothique, immense cheminée (enlevée), logis du "geollier" (100 sous de gages), puis du Sergent: salle des séances municipales après la Révolution...
          Second niveau: sans feu, fenêtres hautes; prison, entre cellier et salles d'armes. Deviendra la chambre des chanoines de passage. Aucun système de défense: il aura pourtant cet usage en 1423, en pleine guerre de 100 ans, et au XVIè siècle, lors des luttes entre Catholiques et Protestants. Un Capitaine y réside de 1478 à la fin du XVIIIème siècle (10 livres de gages).
     Dès le XVème siècle, remplit 3 fonctions: Prison, Tour de guette, Maison Seigneuriale. Classé "monuments historiques", on peut visiter sous-sol et salle gothique, si l'actuelle propriétaire est présente.
 

[4] * A côté, le Lavoir , construit en 1828.
    En suivant la rue des Fossés, on arrive à:


Photo Claude RICHARD

 
[5] * La Porte d’Arbault:
    Flanquée d'une tour en 1492, elle menait aux champs de chanvre (rue des Chenevières), aux vignes de Monteloup, au hameau céréalier de CHEVILLY (CHEUILLY), et bien sûr, à la Chapelle miraculeuse (XVè siècle – 1km 500). Pèlerinage le 29 juin, nombreux miracles reconnus, (en général, sur des enfants morts-nés), et village encore florissant au XVIIème siècle.

 


Peinture de Paule BERNARD

[ 6 ] * Beffroi ou Tour de l'Horloge:
     Une des Tourelles de l'enceinte, enclavée dans le mur, très bien conservée; son escalier à vis de 36 marches aboutit à la galerie permettant la surveillance des 5 vallées, par où arrivèrent, dès le Xème siècle, envahisseurs normands, Robeurs, Grandes Compagnies, Seigneurs locaux et troupes régulières... qui ravagèrent le bourg pendant 7 siècles.


[7] * Porte d'en Haut:
     Le Beffroi, la muraille et la Poterne forment un bel ensemble des XIVème et XVème siècles: c'était la liaison commerciale Ports / Halles de 1451 (actuelle mairie) et l'accès aux petits jardins maraîchers longeant les berges de l'Yonne.
On peut aussi, de là, suivre la 1ère flânerie, mais à l'envers.

 


       (d) LA RUE D'ORLEANS doit son nom à un grand espoir déçu: une route indispensable au trafic Est/Ouest (gruyère, métaux, porcelaine) et au commerce local anéanti par la chute du pont: projet à rebondissement: seule, la Grande Rue (qui allait jusqu'à la Porte d'Arbault), rebaptisée à la hâte, garde la trace de cette route abandonnée.

     Comme on avait élargi la rue, les seuls témoins des XIVème et XVIème siècles sont la belle Tourelle Renaissance (e) de la Cour Balouze, et la Maison de Bois (f) (1328), dont la large façade sur Rue (pour l'époque) atteste un propriétaire aisé. Elle aurait abrité Jeanne d'Arc... effectivement venue à cette époque, à Arcy-sur-Cure et Auxerre, avec ses 20 000 hommes. Les autres maisons actuellement visibles datent donc de la deuxième moitié du XVIIIème siècle: façades sobres, parfois rustiques ou austères, les vestiges des XVème et XVIème siècles sont cachés, dans les courettes, jardinets, ruelles privées, caves voûtées, passages "secrets", escaliers à vis, tourelles discrètes...


     A LA PLACE DE LA MAIRIE -quelques vestiges intérieurs, là encore-, les HALLES (g), à l'origine flanquées de leur puits: accordées en 1340, puis par l'Edit de Charles VI (1419) et de Charles VII (1448); les habitants les élevèrent, à leurs frais, à partir de 1451. Marché le lundi, 3 foires: avant la Chandeleur, la St Jean-Baptiste, et la St Thomas. Bien desservies, vers les Entrepôts, par rue et ruelle de la Huchette, rue du Port, Porte d'en Haut, là se regroupaient taillandiers, charrons, forgerons, marchands de vin, boulangers, bouchers..., la Grande Rue étant plutôt, alors, réservée au trafic intense des charrettes et chariots.
     La place et les rues présentent un large éventail architectural: à gauche, vers la Poterne, l'alignement d'anciens ateliers d'artisans (XVIIème et XVIIIème siècles), à droite quelques demeures bourguignonnes du XIXème siècle: rue de l'Horloge, au coin, une construction à colombages, et derrière Halles et Mairie, maison Renaissance avec grande et belle fenêtre à meneaux.
     L'actuelle Mairie (h) fut commencée en 1829, le Corps de Garde, sur la gauche, (1836), jouxtait le "Puits de la Hasle".
On peut, alors, à pied, retrouver l'Yonne et l'ancien Grenier à sel, par la jolie "Promenade des Acacias".

 

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2ème FLANERIE


Peinture de Paule BERNARD

Par les petites rues derrière l'Eglise, ou de la rue d'Orléans à la Porte d'Arbault.

     Retrouver l'atmosphère d'autrefois en empruntant la ruelle de l'Eglise, sa petite ruelle, la rue St Martin.(A)

     Les cloches rythmaient la vie: l'angélus pour la pause dans le travail, le glas ou la volée des cérémonies familiales, le tocsin des alertes au feu et aux brigands, la messe dominicale où se retrouvaient les femmes, tandis que les hommes sirotaient un petit verre.

     Derrière l'Eglise, un des derniers puits publics (7 au XVIIIème siècle), et une belle perspective sur la ligne, brisée, octogonale de la toiture de l'Eglise... Incursion dans la rue des Ecossais (B) et c'est la bataille de Cravant (*) (1423), épisode de la Guerre de Cent ans, qui surgit.

         Jean sans Peur, duc de Bourgogne, a été assassiné en 1419: son fils Jean le Bon rejoint donc les Anglais, qui possèdent presque toute la France.
     Le Dauphin, futur Charles VII, s'allie aux Ecossais et surprend Cravant, acquis au parti bourguignon, qui la reprend, grâce à Claude de Beauvoir, Sire de Chastellux. Le Dauphin, Jean Stuart, le Comte de Douglas, seigneurs et paysans (101 000 hommes) sont face aux 20 000 hommes de l'armée Anglo-Bourguignonne, soutenue par le Bailli d'Auxerre, Jehan REGNIER, et ses milices. Ils campent à Vincelles le 30 juillet et le 31 tentent d'entrer dans Cravant, par la rive droite: les Français sont bien retranchés: ils reculent, passent sur la rive gauche. Les archers anglais, depuis les prés de la Gravelle, harcèlent alors les assiégés, qui ont eu le malheur de tenter une sortie: les Ecossais se font tuer sur place, d'où le nom de la rue, les autres sont enfermés dans la Prison, comme le Connétable d'Ecosse. C'est un désastre pour le Dauphin, dont toutes les villes sont ravagées par les Bourguignons en Août 1423.
     En 1424, le Roi, par le Traité d'Arras, cède aux Bourguignons le Comté d'Auxerre, et il faudra attendre Jeanne d'Arc pour "bouter" les Anglais hors de France. Le héros de Cravant fut le Maréchal de Chastellux, qui rendit la ville au Chapitre d'Auxerre et sauva les habitants des exactions des Escorcheurs(1438-1444).

     Voilà comment le bourg entra dans la "Grande Histoire", et ce ne fut pas la dernière fois (retombées des Guerres de Religion, de Louis XIV et de Napoléon...)

     En montant la Rue Bleue (C), avec un crochet par la rue des Remparts, outre une jolie série de maisons de pierre et un enchevêtrement de toits et tourelles, c'est le souvenir des vignes: le nom coloré vient du sulfate de cuivre répandu par les vignerons qui allaient traiter leurs plantations de Monteloup. Activité essentielle, avec le commerce, depuis l'Antiquité jusqu'à 1885 où le phylloxera détruisit le vignoble cravantais, replanté et toujours renommé sur la Côte de Palotte.
     Cette rue s'appelait "Maison-Dieu" auparavant, avec la présence du Couvent des Ursulines, installé dans le pâté de maisons circonscrit par la rue Bleue, d'Orléans, et l'impasse (privée) Feu au Clair. De nombreux bâtiments en gardent la trace (Croix, niches à statue, cheminées monumentales, architecture conventuelle).

     Près de la Porte d'Arbault, remarquer, sur une grange, des portes et petites fenêtres à meneaux, et rue des Remparts, un autre puits.



          LE COUVENT DES URSULINES (D)

     10 Ursulines s'installent, rue Maison-Dieu, par décision épiscopale du 8/6/1644: église, cloître, cellules, 2 salles de classe pour l'éducation des jeunes filles. Jusqu'en 1682, 20 religieuses et 40 élèves prospèrent avec un budget équilibré autour de 3 300 livres.

     1720 - 1734: La "soeur dépositaire" (l'économe) constate la trop grande générosité et les négligences passées et présentes en une "Conclusion Capitulaire" de 15 articles, lucide et judicieuse, mais non suivie d'effet. Le Bilan de 1720 empire encore, et leur dette s'élève à 18 740 livres.
Conséquence le 29 juin 1737:
     L'Evêque de Caylus, "vu l'état du temporal", supprime le noviciat et réduit à 7 le nombre des Religieuses. Malgré des comptes plus sains, un "Oeconome" est nommé le 1/7/1748 pour "régir et faire l'Inventaire". Avec le consentement de tous, la vente de leurs biens est décidée, par arrêt royal du 18 mars 1748 et ordonnance du 25 mai 1748.
1749: L'extinction:
     L'acte de l'Evêque du 23 janvier 1749 et les Lettres Patentes de Louis XV du 1 mars 1749 sont formels: "supprimons et éteignons à jamais la Communauté".

     I1 reste donc de quoi payer les créanciers, assumer les charges dues par les donations passées et recréer l'Hôpital, demandé par les Habitants, qui prendra la relève des Ursulines, pour les malades et l'Enseignement des Jeunes Filles. (1ère Flânerie).

     En continuant la Rue Bleue, on peut prendre, à l'envers, la première Flânerie. Toutes les fantaisies sont possibles, avec la carte détachable.

     CRAVANT, possession épiscopale de 900 â 1789, fut souvent en lutte contre des Chanoines sévères et exigeants. La Révolution active ici mais modérée- leur donna cette liberté pour laquelle le bourg lutta courageusement. C'est pourtant au Chapitre de la Cathédrale d'Auxerre que nous devons une topographie originale et quasi intacte (cf plans 1750 et moderne), une Eglise imposante et tous les monuments qui font notre fierté. S'y ajoute, maintenant, le charme d'un village paisible mais dynamique, voué à l'agriculture et tourné vers le tourisme.
     Nous espérons que, sans oublier nos commerçants et Hôtels-restaurants, ces Promenades vous ont fait découvrir le riche passé comme le présent serein de Cravant, où vous séjournerez et reviendrez...
     Alors, merci et à bientôt.
 

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Source: Brochure Promenades dans Cravant Par Mme Odile GEORGE - Avril 1992 -
Extrait de "Cravant historique et quotidien" du même auteur - 445 page - 1992 - en vente à la Bibliothèque de Cravant 45 €uros Tél: 03 86 42 30 22


Histoires sur l'Yonne

 

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