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Saisonniers d'autrefois
Le progrès a fini par chasser la poésie des campagnes. Mais de nombreux
poyaudins se souviennent encore de ces cris pittoresques et de ces personnages
hauts en couleur qui déambulaient, chaque année, dans les rues des villages. En
diverses périodes les bourgs vivaient au son de ses voix saisonnières venues
d'ailleurs. C'était le ramoneur, noir de suie, qui arrivait de Savoie à
l'automne. Il se faisait entendre ainsi: « C'est le ramoneur qui va ramoner la
cheminée, haut et bas! ». Sur les fêtes foraines, il y avait le marchand de
guimauve qui s’égosillait: « A la gui-gui, à la guimauve ! Au chocolat pour les p'tits gars, à la vanille pour les
p'tites filles; Au madère pour les belles-mères, Au citron pour les parents! ».
Puis le rémouleur: « Y’a rien par là ? Couteaux, ciseaux, rasoirs ? Parapluies
cassés, brisés, démanchés ? Allons les couturières, les lingères, les ménagères,
les femmes d'état ! ».
De temps à autre, passaient des bohémiens. On ne les appréciait guère dans les
villages. Ils apparaissaient soudainement sur la place du village avec leurs
roulottes aux couleurs vives et leurs chevaux éthiques. A tord ou à raison,
chacun avait encore le souvenir d'une poule ou d’un canard qui avait
mystérieusement disparu lors de leur dernier passage. Alors, c'est dire si l'on
redoutait la venue de ces hommes portant anneaux aux oreilles et de ces femmes
diseuses de « bonne aventure ». Ils avaient la réputation d'avoir la main leste
mais ils fascinaient par leurs gestes agiles à faire naître les paniers et
corbeilles d'osier.
De nombreux travailleurs saisonniers passaient aussi dans les villages. Il y
avait les marchands d'étoffes, les rempailleurs de chaises, les rétameurs et
chaudronniers ambulants qui, faisaient fondre leur étain dans un grand chaudron.
Les femmes leur apportaient leurs faitouts, leurs bassines ou leurs casseroles à
rapiécer. On appréciait également les services du rémouleur pour son habilité à
affûter les ciseaux, les outils ou les couteaux. Puis il y avait le montreur
d'ours et les gens du cirque. Ils étaient surtout jongleurs ou trapézistes et ne
possédaient que très peu d'animaux. Quelquefois un vieux dromadaire, un lama
deux ou trois chevaux et quelques chèvres trompaient leur ennui en broutant
l'herbe du champ de foire. Ils intriguaient beaucoup car ils représentaient les
voyages et donc " l'ailleurs". C'était le cas avec le colporteur qui promenait
dans une caisse en bois pendue à son cou un véritable inventaire à la Prévert.
S'entremêlaient les objets les plus hétéroclites: almanachs, images pieuses,
boutons, aiguilles, fil « au conscrit », peignes, épingles à cheveux, etc. Ce
marchand ambulant était toujours très attendu car il faisait la liaison entre
les hameaux. Il apportait ainsi les nouvelles des uns et des autres.
Jean-Claude TSAVDARIS - 1900 – 2000 - Cent ans de vie rurale en Puisaye - Paru en 2000
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